Programme

 

« Il y a une mélodie natale comme il y a un climat natal » Languedoc. Soliste : Maxime Devassine

Bernard Lallement : Missa Gallica (extrait)

- Mélodie Cévenole

- Dona Nobis Pacem

 

Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) Messe de Minuit H9

- Joseph est bien marié (traditionnel) / Kyrie / Gloria / Credo / Laissez paistre vos bestes (traditionnel, harm. B.  Lallement) / Sanctus / Agnus Dei

Solistes :

Héloïse Bigand et  Chloé Le Tenevez (soprano)

Valérie Broutin et Françoise Hantute (alto)

Maxime Devassine (ténor)

Philippe Calon et Didier Le Tenevez (basse)

 

Traditionnels (harmonisation : Bernard Lallement)

- Voici l'hiver passé

- Que ta lumière, Ô belle lune

Le roi Renaud

Récitant : Philippe Ebel

Le roi Renaud : Maxime Devassine

La jeune reine : Chloé Le Tevenez

La reine mère : Élisabeth Le Tenevez

 

Ils étaient trois p'tits frères en France. Soliste : Anne-Marie Psarakis

Filles, chantez le mois de Mai

La surveille de mes noces

Il est pourtant temps de m'y marier

 

Paul Ladmirault (1877-1944) :

Chansons écossaises

- Je suis bien trop jeune pour m'y marier

- Les jolies rives du lac Lomond

 

Bernard Lallement : Missa Gallica (extraits)

- Amen / passant par Paris (Normandie)

- Hosanna / Vivent les Auvergnats

  

            Amandine Doutrelant : violoncelle -  Matthieu Vasseur : clavecin et piano

 

Quand la musique savante emprunte au répertoire populaire traditionnel

 

               La musique populaire a toujours inspiré les musiciens : que ce soit par l'emprunt, la citation, l'harmonisation ou tout simplement comme source stylistique. Retenons ainsi la Messe de L'homme armé de Dufay, la Messe sus le pont d'Avignon de Certon, la Messe Pilons l'orge de Lassus, les Suites ou les Chorals de Bach, les Douze variations sur le thème de Ha vous dirai-je maman de Mozart, le Septième concerto comique opus 8 de Corrette qui reprend intégralement J'ai du bon tabac, la Victoire de Wellington de Beethoven dont les références à Rule Britannia et à Malbrough s'en va-t-en guerre illustrent la confrontation entre les Anglais et les Français, le Casse noisette de Tchaïkovski qui,  par sympathie pour le peuple français, cite Cadet Rousselle et Giroflé Girofla : la liste est longue. Nous pourrions encore citer les nationalistes tels que Bartók, Del Falla, Albéniz, Moussorgski, Ramirez (Misa Criola) et bien d'autres qui empruntent à leur folklore les thèmes qui seront la base de nouvelles compositions.

Marc-Antoine Charpentier n'échappe pas à la tradition : sa Messe de Minuit emprunte elle aussi aux Noëls traditionnels. Le compositeur les inclut  dans son œuvre et propose de les interpréter dans leur totalité, instrumentalement ou tout simplement de façon traditionnelle ou harmonisée. J'ai choisi de reprendre,  pour ce concert, deux chants traditionnels bien connus en les intercalant dans la messe, comme Charpentier le préconise dans sa partition. Ainsi, il est plus aisé pour l'auditeur de prendre conscience des emprunts populaires dans la musique savante.

Au cours de ce concert, vous entendrez également quelques extraits de la Missa Gallica du compositeur Bernard Lallement (ici, hélas sans orchestration). Soucieux de faire revivre la chanson populaire - patrimoine culturel dont il revendique la sauvegarde - Bernard Lallement entreprend en 1982, de composer cette messe, entièrement construite à partir du répertoire traditionnel et populaire français (36 chansons de notre patrimoine y sont utilisées). L'art de cette œuvre pour chœur, solistes, orchestre symphonique, instruments traditionnels et anciens réside dans l'organisation et l'harmonisation de son matériau de base : respectueux d'une « recherche aussi naturelle que possible entre les thèmes choisis et les textes portés » (BL) le compositeur nous offre une musique tout à fait originale, bien loin du pot-pourri.

Ce programme met aussi à l'honneur quelques chants populaires, infime partie du  florilège important que Bernard Lallement ait harmonisé.

Un autre compositeur, Paul Ladmirault, a lui aussi harmonisé des chants traditionnels : le choix d'inclure dans ce programme deux de ces pièces m'a été proposé par Bernard Lallement, lui-même admirateur de sa musique. En découvrant Paul Ladmirault, je ne pouvais que tomber sous le charme de son écriture, à la fois authentique et admirable.

                    Bernard Lallement nous fait l'honneur d'être présent à l'un de ces deux concerts. Nous sommes honorés de recevoir, non seulement le compositeur mais aussi le diplomate qui,  il y a cinquante ans, fondait la première Chorale Franco-allemande à Berlin, peu de temps après la signature du Traité de l'Élysée, accords de coopération entre la France et l'Allemagne. Convaincu que l'union des peuples passe aussi par un échange régulier et durable, Bernard Lallement œuvre toujours en tant que Président d'Honneur de la fédération qui regroupe actuellement quinze chorales réparties dans les deux pays.  

Mais laissons le dernier mot au musicien diplomate,  à propos de la Missa gallica et du chant populaire en général :  « Expérience singulière, qui tend à démontrer que les hommes, pour chanter leurs amours terrestres, leur joie de vivre ou leur peur de mourir, bref, pour chanter ce que chantent essentiellement nos vieilles chansons, n'ont pas utilisé d'accents vraiment différents de ceux qu' ils ont trouvé pour louer Dieu, implorer sa miséricorde et chanter son amour.» . Preuve s'il en est que la musique reste le vecteur d'un langage universel. AE